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Assemblée générale et spéléologie dans le Lot

WE des 7 et 8 décembre 2024

Ce week-end, se sont tenues les assemblées générales des clubs de spéléologie de Brive et de Tulle. Pour cette occasion, les deux clubs se sont donnés rendez-vous dans le Lot, à Marcilhac-sur-Célé. Une trentaine de spéléologues, de grimpeurs ou même de simples accompagnateurs se sont ainsi retrouvés au Gite de Galance pour clôturer cette année de la même façon qu’elle s’était déroulée : entre convivialité, solidarité, festivité et sorties nature, révélatrice des très bonnes relations interclubs.

Igue de Toulze (Monbrun - 46)

A peine arrivés au gîte, qu’un petit groupe de sept personnes (Didier, Christian, Serge, Yohann, Philippe, Olivier et Alexia) a pris la direction des causses de Gréalou, à Montbrun. l’igue de Toulze, située sur les hauteurs et accessible après une rapide marche sur un sentier rocailleux, à la végétation typique du Lot.

Facilement reconnaissable par son entrée, un puits oblique de 6m qui s’enfonce dans les profondeurs de la Terre sous une arche de pierre naturelle, telle la gueule béante d’une créature maintenant disparue, l’igue de Toulze nous invite à la découvrir.

Pour un peu, comme pour nous accueillir, nous nous attendions presque à entendre un quelconque grondement venu de ses entrailles. Mais pas un son ne s’échappa, seules les bourrasques du vent nous incitèrent à trouver refuge dans l’univers de Jules Vernes. Le groupe formé de spéléologues de différents niveaux s’adapte au rythme des derniers arrivés. Sécurité et plaisir avant tout !

L’arrivée du puits se fait sur un éboulis dans une vaste salle qui mène à son tour vers un nouveau puits habillé de belles coulées. On prend alors le temps d’admirer ce monde préservé où le silence n’est brisé que par le clapotis de l’eau qui ruisselle le long de la roche, ou le cliquetis de notre matériel. Nous prenons soin de ne pas réveiller les quelques maitresses de ces lieux, endormies ci et là, en cette période hivernale

Nous passons ensuite un petit chaos pour déambuler dans la Galerie des Géants qui impressionne par ses dimensions. Nous suivons ensuite le lit d’un cours d’eau asséché, sur 110m, nous sillonnons dans cette grande galerie, au sol plat, qui serpente dans la roche.

Après cette petite balade suivie d’un ressaut de 8m, nous arrivons au ressaut des vires, longue d’une dizaine de mètres. Elle permet de passer au-dessus d’une nappe d’eau pérenne dont le niveau varie suivant la saison (amplitude dépassant les 7m). Le passage est un peu technique, les parois glissantes, mais les entraînements en salle portent leurs fruits pour les dernières recrues du club de Tulle. Là, nous arrivons à « l’embarcadère », nous sommes alors à -65m, la galerie est large d’environ 3m. Des gours pleins d’eau pouvant atteindre le mètre quarante, mènent tels des pas japonais jusqu’à un lac franchissable grâce à un petit canot, mais ça, ça sera pour une autre fois.

Une partie de l’équipe, sage, s’arrêtera au début des gours, pensant déjà à la sortie du lendemain, aux combinaisons difficiles à faire sécher par ce temps et aux quelques petits degrés extérieurs.

D’autres, désireux d’aller au bout de ce qu’il était possible de faire ce jour, ont pris le parti de rejoindre le lac, et ce, par tous les moyens : escalade le long des parois des gours, pieds dans l’eau ou… par quelques brasses pour la dernière arrivée du club de Tulle. Mais cette douce et fraîche folie en valait la peine. A l’arrivée, le lac souterrain s’est dévoilé tel un miroir à la surface cristalline. De nuances turquoises, saphiréennes ou émeraudes, il a brillé sous nos lumières, nous poussant presque au vice de troubler son repos pour en effleurer son drapé de soie.

Il n’en fut rien et toute l’équipe regagna la surface, située à 80m bien au-dessus de nos casques, en faisant un petit crochet par la Galerie des Nains.

Igue de Lespine (Marcilhac-sur-Célé – 46)

Après une soirée raclette, l’anniversaire de notre mascotte Tammo fêté comme il se doit (le plus jeune des spéléologues, 3 ans et déjà 3 trous à son actif) et une bonne nuit de sommeil pour récupérer de cette première journée, une autre équipe décida de clôturer le weekend par un trou « d’initiation ». L’igue de Lespine, pratiquée et proposée par un membre de l’équipe, Philippe.

Composé de 6 spéléologues; Jean-Pierre, Philippe, Christian, Jean-Bernard, Didier et Alexia, le groupe a donc pris la route de cette dernière igue.

Selon un écrit de 1976, l’igue de Lespine serait le seul gouffre connu sur le pech désert constituant le sommet de la grande falaise de Marcilhac. Elle aurait été explorée au début du 20ème siècle, semble-t-il, par Hebrard de Saint-Sulpice.

Son puits, fin, s’enfonce à environ 25m sous terre. Au cours de la descente, nous prenons le temps de contempler ce qui nous entoure. Les parois assez proches, sont couvertes de mousse et même ici, la vie a su s’y faire une place. Preuve en est de ces plantes qui poussent en équilibre entre les rochers, de ce petit escargot tout jaune qui contraste avec l’obscurité grandissante et de ce crapaud, qui nous accueille sous terre sur un cône d’éboulis sans sourciller devant notre venue.

Ici-bas, pas de grande cavité, nous avançons en file indienne jusqu’au fond de cette première partie qui nous emmène devant une chatière, une étroiture verticale, en double baïonnette, longue de 2/3 mètres. Philippe équipe et est le premier à descendre. Il se faufile, pieds devant, par ce petit espace et met son descendeur. La combinaison frotte et rompt le silence tout comme le « gloups » suivi d’un « vous voulez vraiment me faire descendre par-là ? » d’Alexia.

Christian s’engage avec la même gymnastique. Au tour de notre dernière recrue de s’y faufiler, passant sous un crâne de mouton posé au sommet d’une stalagmite, qui semble indiquer de façon peu engageante, le reste du chemin à suivre.

Il aura fallu un temps, les encouragements de l’équipe, les conseils de Jean-Pierre pour la voir enfin s’installer dans la chatière, prête à descendre. La sortie de cette cheminée se fait elle aussi pieds devant, en rampant, en cherchant des prises au sol, pour s’extraire de l’étroiture et ne pas risquer de descendre plus profondément dans le puits.

En bas, les membres du groupe déjà descendus signalent la présence de gaz carbonique dans cette salle au volume généreux où le reste de l’équipe se faufile. A l’arrivée, certains ressentent plus fortement que d’autres la présence de ce gaz, l’amplitude respiratoire augmente, le rythme cardiaque s’accélère, l’essoufflement avec l’effort arrive plus vite. L’appréhension de la descente par cette étroiture et la « découverte » des effets du gaz carbonique bousculent Alexia qui se pose la question d’arrêter ici la sortie et de faire demi-tour accompagnée de Christian.

Pendant ce temps, Philippe, Didier et Jean-Bernard avancent et continuent d’équiper une grande coulée pour monter jusqu’à son sommet, en progressant le long d’une vire. Après quelques minutes nécessaires pour retrouver ses esprits, notre dernière recrue curieuse et motivée, finit par se décider à poursuivre l’aventure jusqu’au bout !

L’équipe au complet arrive en haut de la coulée et retrouve une respiration normale. Cette différence entre l’air présent à cette hauteur et celui du bas impressionne. En un pas, nous sentons vraiment la différence. Ici, à l’autre extrémité de la salle, un autre cône d’éboulis doit donner accès dans un puits actuellement complètement obstrué. C’est à cet endroit que ne pouvant aller plus loin, la découverte de l’Igue de Lespine s’arrête, obligeant l’équipe à rebrousser chemin.

Sur le retour, il est décidé d’aider Alexia à remonter par l’étroiture en attachant une corde à son delta. Le reste de l’équipe jouera davantage des pieds et des mains en prenant appui sur les parois de la petite cheminée pour s’en extraire non sans efforts, l’effet du gaz n’aidant pas. Un accouchement pour certains, une seconde naissance pour d’autres mais surtout une jolie petite victoire pour notre dernière recrue, qui rappelons-le, claustrophobe, ne serait pas passée par là il y a quelques semaines…

Comme quoi, avec de la persévérance et une confiance certaine envers les encadrants (c’est elle qui le dit), les progrès sont là. C’est par la remontée du puits, en saluant une dernière fois Monsieur Crapaud, que la sortie s’acheva. Après cette aventure matinale, nous avons été accueillis au gîte par un bon plat gratiné de pommes de terre/raclette fait-maison accompagné d’un verre de rouge… Et nous en remercions encore nos chers cuistots du jour ! Les émotions, ça creuse !

Le 2025-01-27